Avant-Après
Lorsque j'étais gamine, il y avais pas mal de pubs gentiment comparatives. On vous montrait un plat à gratin coupé en deux, un côté lavé par Paic Citron, l'autre par un produit tellement minable que le plat ressemblait littéralement à une maladie de la peau. Il y avait les cheveux partagés par la raie entre côté enneigé et versant miroitant de netteté... Autant dire que ça m'a marquée. Du coup, j'ai voulu jouer aussi.
Alors au risque de passer pour la souillon de service, je vous montre l'état dans lequel se trouvait mon salon il y a trois jours :
Pas brillant, hein ? Comment on peut en arriver là ? Par amour pour les romans de Zola ? Non... Prenez un sublime tissu Bouchara des années 80, rêvez-en avant même d'avoir rencontré le prince charmant... Sautez dessus dès que l'occasion se présente pour en faire LE tissu qui va recouvrir les lits en fer forgé servant de canapés. Puis faites des enfants qui sautent dessus, mangent, dessinent au feutre... Vautrez-vous aussi dessus, à l'occasion, défoncez le matelas, changez-le pour un plus épais... Lavez mille fois les housses en oubliant de régler la température. (Amour, Amour, quand tu nous tiens !!!) Adoptez aussi un chat qui, comme chacun sait, a besoin de faire ses griffes... Saupoudrez d'un rien de fatalisme, d'accoutumance et de pas-le-temps, et vous avez le résultat !
Il fallait réagir. Ma mère me l'avait bien dit. D'ailleurs, dès Toussaint, elle m'avait contrainte aidée à choisir un nouveau tissu. Qui était resté bien sagement dans son sac ! Mais qui dit vacances dit réalisation-des-corvées-qui-attendent, et il faut bien avouer que je n'avais plus beaucoup d'arguments à présenter pour justifier les délais que je m'étais impartis... J'ai donc pris mon courage à deux mains et fait ça, avec le tissu rayé choisi sans conviction à l'automne, et un morceau de lin brut acheté je ne sais plus quand je ne sais plus où :
Bon, rien d'artistique là dedans ! On est loin des coussins merveilleux de Gipsonphile ou des adorables créas de Caro. Ici, c'est du brut de brut, du vite fait, du fonctionnel, histoire qu'on ne me retire pas les enfants !!! D'ailleurs, je pense avoir réussi à photographier des plans larges sur lesquels on voit pas de bouteilles de vin, ni de gros moutons de poussière...
En revanche, faut avouer, les couleurs des rayures mi-matelas mi-bayadère sont apaisantes et l'ensemble appelle à la méditation. Non ?
Me sens une furieuse envie de méditer, moi... Oui, je vous entends d'ici me dire doucement que maintenant, il faudrait repeindre les deux lits, que ce blanc laqué, c'est terrifiant, et qu'il part en sucette, mais je sens venir d'ici le chantier à priori rapide et susceptible de durer des semaines (décaper des dizaines d'années de peintures -peut-être au plomb- superposées est un calvaire si on veut bien le faire). Alors je crois que les choses vont rester en l'état.
C'est vrai quoi... trop d'efforts tuent l'effort.