Encore un titre transparent, et un peu à double sens aussi... c'est décidément une habitude !

Bon, pas de suspens : je viens de finir ma version bucheronnesque du shawl Abyssal que tout le monde avait donc déjà réalisé avant moi ! (bon, mais des fois qu'il y aurait une nouvelle,en vadrouille sur cette page aujourd'hui, une malheureuse égarée, quoi , le tuto est ICI)

Me trouvant, une fois de plus, dans l'incapacité (ça doit être génétique) de réaliser un ouvrage en respectant les consignes, ou la liste des fournitures (rayez la mention inutile), j'ai tricoté mon abysse personnel en Andes de Debbie Bliss, une laine sublime et pelucheuse à souhait que j'avais achetée lors du marché de Noël 2011 (ou 2010 ?!!!), à Auch. A la base, je comptais réaliser le châle Papillons de la Droguerie, mais incapable d'acheter la laine qu'il fallait (cf. un peu plus haut...) je m'étais laissé tenter par deux échevaux de cette merveille douce et brillante habilement présentée sur un petit stand artisanal. Typiquement le genre de stand dont la vue stoppe immédiatement l'irrigation du lobe droit de mon cerveau, celui qui, comme chacun sait, héberge les fontions rationnelles, celles qui permettent notamment de faire les comptes. Pour mon malheur, le code de ma carte bleue se trouvant par erreur hébergé dans le lobe gauche (celui de l'imaginaire et de la création. Je vous raconte pas le souk...), j'ai acheté la laine et je suis parfaitement incapable de dire combien je l'ai payée. Mais bon. On ne va pas parler vulgairement d'argent, lorsqu'il s'agit de soie et d'alpaga, de création, de douceur ?!

Bref, ayant renoncé, après moult tergiversations et faux départs, le nez collé dans le bouquin, à réaliser le châle Papillons (j'ai beau avoir acquis le schéma complet, je n'ai toujours pas compris comment on réalisait le deuxième rang...), j'ai rangé ma laine, et j'ai pris l'habitude de la sortir de temps en temps, histoire de me réjouir en pensant à tout ce que je pouvais encore en faire !

Et puis il y a peu, j'ai eu une illumination : les rangs raccourcis, ça cassait pas trois pattes à un canard. CQFD.

Sur un coup de pression dans le lobe gauche (enfin j'imagine), j'ai capté comment ça marchait. Et puis subitement, le flux sanguin s'orientant par erreur dans le lobe droit tout perturbé de cet excès de faveur, j'ai réalisé que c'était du gaspillage de ne pas utiliser cette superbe laine... Je me suis donc lancée.

D'ailleurs, en parlant de gaspillage... Il me reste à peu près la moitié de mon achat, soit 115 gr de laine (si ma balance n'est pas déréglée). Si quelqu'un sait ce que l'on peut en faire de joli, ça m'intéresse... ce serait dommage de renvoyer au placard ce charmant mélange de soie et d'alpaga ! D'autant que le résultat est tout confort, à condition d'aimer les peluches sur tous les autes vêtements qui entrent en contact avec la bête... comme on va le constater pas plus tard que tout de suite !

On reconnait bien que c'est un shawl abyssal, ou c'est moi qui fais de l'auto-satisfaction, là ?!

Sinon, je confirme : les rangs raccourcis, c'est tout bête ! Le principe est simple : prenez une grande largeur (250 mailles par exemple), tricotez un rang qui vous fasse dépasser de peu le milieu (en gros, faîtes 135 mailles), puis tournez le travail et ainsi placée au centre, ou presque, de votre ouvrage, faites 13 mailles (c'est pour l'image), puis tournez, faîtes en 16 (mettons...), et zigzaguez gaiement en rognant ainsi, petit à petit sur les deux côtés.

Et puis les rangs raccourcis, c'est gratifiant : au début, vous passez de rangs de 250 mailles et des brouettes à de mignonets petits rangs de 8-10 mailles ! Que du bonheur... ça monte, ça monte... Et lorsque vous êtes à nouveau sur des largeurs respectables, vous sentez que vous touchez au but, ce qui - fatalement - vous galvanise !

Bon, évidemment, le secret pour produire un chef d'oeuvre reste de s'appliquer à la régularité, de faire des raccords parfaits... j'en suis encore loin : malgré un vrai blocage (oui oui, je me suis fendue d'un vrai blocage ! Parfaitement, Madame !), le point n'est pas aussi régulier qu'il le faudrait, et j'ai une jonction de pelotes hyper moyenne en plein milieu du châle, comme d'habitude.

On ne se refait pas. Mais tout doucettement, j'avance dans ma découverte du tricot et de ses techniques. Cela m'occupe les doigts sans m'imposer les efforts que demande la couture à qui n'a pas une pièce vouée à ça, dans laquelle seraient installés à demeure machine, tissu, matériel...

Je fais un rang ou deux, je me rassure en voyant l'ouvrage qui se construit, comme on lutterait sottement contre le temps qui joue à tout défaire. Mon esprit s'abyme dans les mailles pour s'oublier sans vraiment y parvenir. Pour oublier que mon père a adopté un crabe, et que c'est un animal peu reconnaissant et pas affectueux du tout.

J'aimais déjà pas beaucoup les crustacés, mais c'est pas parti pour s'arranger.

Explorer les abysses...

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