Much Ado About Nothing
Je ne sais pas trop où j'avais pu pêcher cette idée là, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle me trottait dans la tête depuis longtemps. Or, j'ai un problème avec les idées qui trottent. Si je les laisse me gambader sur les méninges, jouer à cache-cache entre les neurones, elles grossissent, prennent une ampleur ridicule, se parent d'une dignité qui me paralyse. Chacune devient L'IDEE, l'ouvrage ultime, la fin en soi. Et je deviens débile, je renâcle, j'hésite, je tergiverse, bref, je me fais dessus.
Cette petite robe en lin chocolat, je crois bien que je l'avais vue griffée IKKS, ou sur un site de vente de tissu, comme modèle vendeur... Bref, après l'avoir entrevue, j'ai commencé à la rêver : manches raglan (ou pas), manches ballon, fronces autour du décolleté, patte polo un peu longue, ceinture. Pour le cahier des charges, c'était à peu près bon. Le tissu, je l'avais (je vous épargne les errements de dernière minute vers un lin rose, puis un violet foncé... n'importe-quoi...)
Mais il fallait trouver le patron (je ne fais rien sans patron, on vous dit : je suis une subalterne dans l'âme. J'ai besoin d'obéir sottement puis de me plaindre de quelqu'un.). J'ai donc écumé tout ce que j'avais de japonais, avant d'opter pour la robe à manches raglan du Coton, Lin et Liberty d'Astrid le Provost. Quelques modifs et sueurs froides plus tard, j'avais ça :
J'ai donc raccourci les manches qui ont été froncées et agrémentées d'un bracelet pour finir l'effet ballon. J'ai aussi remplacé le col polo plié par une patte polo ordinaire, un peu plus large que prévu.
Au final, il m'a fallu reprendre mon premier jet des deux côtés : c'était encore trop grand malgré le choix du 36 (or, je fais un vrai 36, et pas un truc d'anorexique !). Mais la robe finie me plait : le tissu est magnifique, c'est à dire pas du tout comme sur les photos... Il est choco-prune, délicieusement mélangé et soutenu sans être vif. Je vais d'ailleurs finir un deuxième ouvrage tiré du même coupon de deux mètres, histoire de ne rien gâcher... Au reste, la robe est confortable, le décolleté assez joli quoiqu'un peu ample dans le dos.
Sans ceinture, cela fait un peu robe de bure, idéale pour prier Sainte-Rita (la sainte patronne des causes perdues, à laquelle je rends grâce, régulièrement, en cousant)
Sinon, le reste est donc sympa et je risque fort de la porter, cette petite robe, et pas qu'à la plage ! Mais bon. Quand je pense au temps que j'ai mis à m'y mettre, j'ai un peu honte... Tout ça pour ça !