Tirer parti d'un petit coupon
Chez Toto, à Toulouse comme ailleurs, il y a les gros rouleaux de tissu, le réduit réservé au wax, les coupons déjà détaillés assortis d'une étiquette, et les "machins" vendus au poids. Entassés dans des bacs ou pliés et empilés, ils attendent qu'une frénétique couturière, armée d'un air pas aimable et de deux mains aptes à fouiller, retourner, saisir, veuille bien arrêter un choix et faire peser son trésor, de préférance en ignorant ostensiblement les concurrentes bavant sur sa sélection...
Il y a un an, j'ai fondu (toute seule et sans faire baver personne !) devant un morceau de viscose rouge semée de fleurettes blanches et bleues (j'ai toujours eu un truc avec le mélange "fleuri rouge et détail bleu", sais pas pourquoi...), le genre de tissu vif et charmant qui attendait juste que je l'adopte et que je choisisse l'idée géniale qui allait magnifier ces deux ou trois euros.
Je suis donc rentrée chez moi radieuse, convaincue d'avoir fait l'affaire du siècle. C'était oublier que les dits coupons étaient attachés par de petits morceaux de plastique comme on en trouve pour fixer les étiquettes de promotion dans les boutiques de vêtements et que les petits liens translucides empêchaient de déplier le coupon et de le juger dans son entier. Tout le monde a déjà deviné la suite, la chute...
A l'ouverture du truc, le soir, après une heure de route, il est apparu que le coupon d'un mètre était décoloré dans un angle, en haut à gauche, taché en haut à droite (une trainée de bleu foncé avait dû se faire lors de l'impression du motif...), et qu'une bande décolorée bleuâsse-violine le barrait entièrement à une tentaine de centimètre du bas sur toute la largeur. Damned. Comment tout ceci avait-il pu m'échapper ? Mystère... La joie de la bonne affaire m'avait sans doute aveuglée et j'avais omis de détailler la chose en "triffougnant" dans le tissu pour essayer de le juger objectivement...
Il me fallait donc trouver un patron qui permette d'utiliser les restes, un patron doté de pièces de petite taille, peu nombreuses, mais si possible permettant de faire plaisir à un être humain adulte (moi, à y être) et pas seulement à Barbie ou à Little Pony.
J'ai donc copieusement hésité avant de jeter mon dévolu sur l'Indispensable de Delphine et Morrissette, mais dans une version 2 (la seule possible) resserrée dans tous les sens, avec un corps plus étroit (beaucoup plus étroit... 4 cm de moins de part et d'autre !), des manches courtes et une basque très riquiqui. Au final, elle n'a plus rien à voir avec l'original !
La preuve:
La chose me plait bien, elle reste agréable à porter ce qui est de l'ordre du miracle vu que mes modifications, très empiriques, auraient pu rendre l'enfilage impossible ou faire hurler les couture au moindre mouvement... Toutefois, une si petite basque si basse sur une coupe près du corps marque les hanches et a tendance à faire comme une petite bouée de sauvetage.
Je ris mais c'est un peu ridicule sous certains angles. Me voilà en mode "Petit Chaperon Rouge" à volant. Je ne pourrai envisager ce gentil petit haut qu'avec un pantalon serré ! Ici, sur les photos, on devine lebout de la ceinture qui, sorti du passant, pousse le tissu.
Au moins ai-je tenté un truc et suis-je sortie de la période pastel ! Un peu de wax devrait, sous peu, m'en guérir définitivement...