Délocalisation heureuse
Qu'on se rassure, je n'ai pas viré casaque, je ne suis pas devenue une libérale forcenée (oups... pléonasme !)... Non, je ne défends pas les délocalisations en général, celles qui font faire le travail par une main d'oeuvre sous-payée et suppriment les emplois ici (au point qu'il serait bon de se demander qui achètera la camelote, quand nous serons tous au chômage...).
Non... je me suis juste rendue à l'évidence : à Auch, la main d'oeuvre tricoteuse manque d'efficacité et semble peu formée (aucune remarque sur le pull de mon mari commencé en juillet et presque fini. Depuis un mois... Merci !). Tout cela n'était pas rentable. Alors j'ai délocalisé sur Albi pour faire usiner ma mère, une retraitée pleine d'énergie et désireuse de faire plaisir. Oui... avec 500 € de retraite par mois (tous trimestres validés, of course !), ma petite maman ne se paie pas de loisirs, ne s'offre que peu de distractions (à noter que mon père est une attraction à lui tout seul, mais bon...) et s'ennuie parfois (on disait quoi, il y a 10 lignes, sur le libéralisme ? Hein...) Bref, Jeanine aimait tricoter mais le prix de la laine et le peu de motivation avaient eu raison de son envie. Il fallait relancer la machine (mettre à profit la compétence, quoi !) et occuper les longues journées d'hiver...
Tout le monde a donc bien compris que c'est par pur altruisme que j'ai déboulé chez ma mère, à Noël, avec deux sacs de pelotes bleues ( qualité Kadisha de chez Phildar, achetées une bouchée de pain sur ebay - il y a deux ans - et stockées depuis dans mon placard ) et un modèle de pull. Par amour -évidemment - j'avais aussi amené les aiguilles n° 7, des fois que...
Et jeanine a tricoté, avec plaisir et bouclé le gilet en un temps record ! Seul Hic : il manquait de la laine pour les manches (un gros bourrelet retourné dont j'avais sous-estimé la taille)... et la laine Kadisha est devenue introuvable (je ne parle même pas de retrouver le même bain...). Nous avons donc dû investir pendant une bonne heure la boutique Phildar d'Albi et rendre "chêvre" une vendeuse avant de nous décider pour du gris, visblement compatible avec le bleu du gilet.
Deuxième Hic : ma mère a délocalisé aussi... Convaincue qu'un pull se réussit ou se foire au montage, elle m'a laissée m'en charger ! Comme ça, elle pourra toujours critiquer le pull sans endosser la responsabilité du résultat final...
Bref, j'ai fini par monter ces foutues manches (à trois semaines d'intervalle, et donc, pas pareil !!!) et j'ai enfin en ma possession le gilet douillet de l'hiver, ce qui tombe bien vue la chute vertigineuse des températures.
Qui a dit que mon mari devait avoir froid aussi ???