Inventer le concept de "robe de flemme"
Vous avez peut-être en tête le sketch de Foresti, celui dans lequel elle évoque le déni dans le quel elle se trouve au réveil, convaincue de pouvoir rester au lit tant que l'heure d'arriver au travail n'a pas sonné. Deux minutes avant l'instant fatidique, elle se rassure en se disant qu'il lui suffirait d'enfiler une djellaba (sans se laver) et de filer en tapis volant pour y être. Eh bien je n'ai pas le tapis, mais j'ai la robe...
La semaine dernière, à Albi, j'ai eu envie de me coudre un petit truc rapide et confortable pour l'été, pour flêmarder... Le style de robe qui ne moule pas, ne serre pas et vous laisse libre de vos mouvments. La contrepartie, comme toujours, c'est que la chose est un peu informe et décevante une fois terminée, mais bon.
De passage à Toulouse au début du mois, j'avais fermement décidé de n'acheter ni patron ni tissu. J'ai déjà de quoi coudre jusqu'à la retraite (dont la perspective n'en finit pas de s'éloigner, comme chacun sait. C'est dire l'état du stock.) et il est sanitaire, vu l'état de mon "bureau" d'arrêter les conneries. J'avais même prévu de n'entrer chez Toto qu'avec les mains liées dans le dos, et après avoir avalé ma carte bleue. On reparlera de Toto d'ici une petite semaine...
Mais au détour d'une rue, je suis entrée à la Droguerie. Je ne sais pas si ce sont les vapeurs de gel hydroalcoolique associées à un début d'asphyxie dans un masque en wax, mais j'ai aperçu de loin la version actuelle des patrons pochette, joliment rangés dans de petites boites en carton, et j'ai perdu le contrôle. Alors même que la voix sensée hurlait à l'intérieur de ma tête : "Mais lâche ça !!! Mais ça va pas... tu as déjà ce genre de patron en dix exemplaires, bien plus convaincants ! Tu as déjà tenté ces formes là... sans lien à nouer dans le dos, ce sont des sacs : ça ne te va pas. Repose lentement ce patron sur l'étagère et sors. Demi-tour!" rien à faire. Je me suis vue acheter tranquillement la patron à l'unité de la robe Valencia et régler par carte en pérorant avec une vendeuse neurasténique et prépubère. N'importe quoi.
Avec une mauvaise conscience en béton armé, j'ai repris ma déambulation en ville, plus coupable que la fille au régime qui vient de se taper, dans un spasme, 500gr. de pépitos napés de nutella.
Afin de ne pas ruminer tout l'été, j'ai donc dégainé un morceau de viscose qu'il fallait dégager du stock et j'ai taillé aussitôt. Bon. Pas de surprise. Avec ce tissu lourd, la chose est ultra confortable, mais très longue, très large, alors même que j'ai taillé en 34. Avec un fleuri dans des tons fushia et dans une texture plus légère, un peu voile, ça aurait pu le faire. Là, j'ai trouvé ma tenue entre chemise de nuit et djellaba pour les fortes chaleurs. Positivons.
Personne n'est mort. Ce tissu était impossible... Je renvendrai peut-être ce patron, pas cher, pour faire un beau geste. On verra !