London Calling
Oui, je sais... il faudrait faire une étude statistique pour établir combien de messages, dans la blogophère créative, porteront ce titre aujourd'hui ! On serait sans doute consternées devant son manque d'originalité. Peu importe.
Qu'on se rassure néanmoins, je ne suis pas devenue punk, je n'ai pas ressorti mes vieux Dockmartins (ni mon bracelet à clous... Inutile d'insister, pas de photos). On peut très bien écouter les Clash avec bonheur sans pour autant arborer des épingles à nourrice dans le cou et une iroquoise verte. D'autre part, punk attitude et couture ne sont pas incompatibles : Mme Westwood l'a assez brillamment démontré. Je ne suis donc pas obligée d'en faire autant, ce qui m'aurait demandé de retrousser sacrément mes manches. Oui, je sais, je bavarde, je bavarde... parce que franchement, punk ou pas punk... le défi 13 rossbeef a bien failli tourner au "no future".
Initialement, j'avais prévu de coudre une petite besace à carreaux (dans un tissu de récup'), avec un rabat en cuir... La chose était bien avancée quand les distances prises avec le modèle supposé de servir de base ont été telles que je me suis trouvée seule en rase campagne, comme sur le champ de bataille de watterloo, avec des problèmes difficiles à résoudre en terme de montage. J'ai une excuse (ben oui, off course !) : j'ai eu l'idée tordue d'aller chercher mon patron dans un antique Marie-Claire Idées, or, les coutumières de la revue savent que les explications couture sont souvent le fait d'une personne qui se comprend, et qui, d'éllipse en sous-entendu, donne une version très expurgée de la démarche... style "private Joke" ou connivence entre initiées. Grrrrrrrrrrrrr... Je suis pas initiée.
Bref, depuis trois jours, il était donc évident que je ne proposerais pas de besace aujourd'hui. Avec un peu de chance, vous verrez la chose d'ici huit ou vingt-trente jours. C'est pas comme si vous étiez en manque de sac, cela dit... Et puis une illumination m'avait fait entrevoir une solution idéale : le genre de créa qui fait utiliser à bon escient un tissu trop beau, stocké depuis trop longtemps, qui vous donne satisfaction en un temps record, et avec un minimum d'effort. L'orgasme couturier, quoi (oui, à condition d'imaginer un orgasme rapide, bon... OK, y a débat. Mais c'est pas le lieu, les filles !) Je veux parle du col-écharpe, du snood en tissu, du truc que l'on enfile par dessus la veste, l'hiver, et dans lequel on peut se blottir avec des gestes et des attitudes d'une féminité lascive dignes d'une photo artistique floue de magasine. Tout à fait moi...
Le tissu à carreaux qui n'est pas sans rappeler un carreau célèbre et anglais dont le nom commence par "Burbe" et finit par "rys", vient de la boutique "Tissus Occitans" de Auch. C'est une très belle soie achetée il y a 7 ou 8 ans, dans une autre vie, donc, avec pour projet d'en faire un joli truc... Impossible de dire aujourd'hui si c'est un tissu griffé, de la fameuse marque donc, ou un carreau ordinaire ayant le bon goût de ressembler à l'autre ! La polaire est en réalité une polaire tricotée (sur la face qui se trouve à l'intérieur), dotée d'une belle épaisseur et d'une excellente tenue, et achetée hier matin, pour l'occasion, dans la même boutique.
Toute fière de mon idée, je me suis donc préoccupée, hier soir (12 novembre, donc, vers 21 h. ...) de trouver un tuto, avant de rester perplexe devant ceux que j'ai pu consulter, et de partir, comme d'hab', en live. En gros, j'ai coupé deux bandes de tissu, une dans chacun, de 40 cm sur 1 m. Première erreur : le col est très large et risque de mal remplir son office tout en étant peu pratique... Puis j'ai voulu monter tout ça. Dans ma tête, c'était très clair :
Fourniture : deux bandes de 35 cm de haut sur 100 cm de large, mais on peut tenter en 70 de large pour un résultat plus près du cou (non vérifé)
1 - je referme chaque bande de tissu, endroit sur endroit, pour en faire un anneau.
2 - je mets un anneau dans l'autre, endroit contre endroit, et je pique le haut.
3 - (là commence le récit de mes malheurs...) dans mon esprit (no comment !), j'allais coudre aussi le fond, en laissant une ouverture de 15 cm pour retourner le truc sur l'endroit. Or, je n'ai pris conscience que tardivement, et dans la douleur, de ce qu'un cylindre (le snood en est un) ne réagit pas totalement comme un rectangle... Un fois retourné, le truc ne ressemblait à rien ! En gros, j'avais dans les mains un casse-tête chinois informe avec du carreau d'un côté, tout tortillé, et de la polaire de l'autre, en vrac. Prise de conscience. Sens du ridicule. Un prof de math aurait compris dès le départ que je me fourvoyais, un type comptant parmi ses proches des cônes, des parallélépipèdes, et peut-être pire aurait même ri de mon erreur. Forcément, avec le recul, il m'a semblé évident qu'un truc symétrique par rapport à un axe central ne pouvait se retourner de manière régulière à partir d'une ouverture placée sur un côté. A part que ça, je l'ai constaté !!! Pas conçu à temps !
(Oui, je sais, si j'avais de l'humour, j'aurais pensé à prendre des photos, mais celles qui me connaissent savent déjà que j'ai un sens de l'autodérision à dimension variable. D'ailleurs, c'est bien simple : si à ce moment là de ma soirée d'hier un enfant quelconque était descendu de sa chambre sous le prétexte fallacieux de boire, de faire pipi ou de me demander l'achat pour lundi matin 8 h. d'un stylo 4 couleurs à lampe tempête intégrée, j'aurais pu devenir une très très très mauvaise mère.)J'ai donc sorti mes ciseaux, remis la chose informe sur l'envers et découpé ma couture (faite à la surjeteuse...).
Minute de silence à l'idée du prix qu'avait couté la soie. Merci.
(reprise du simili tuto après cet intermède que l'on supposera -à juste titre- hystérique)
3 bis - A ce stade, on retourne le snood. On fait une piqure à 5 mm de la piqure du haut, pour finir la chose.
4 - En bas, on fait en rentré sur chacun des deux tissus, et on pique bien au bord.
Et cela donne un truc sympa quoiqu'un peu large donc, mais avec lequel, du coup, on peut jouer.
La preuve en images, ou, comment, le ridicule ne tuant toujours pas, je me suis prise pour Kate Moss (on est priées de ne pas me faire remarquer que je ressemble plus au mari de Kate Moss qu'à la Brindille. Thank You.)
(Non, Elz, le miroir crade, ce n'est pas de la négligence, mais de la pure Punk attitude, eh eh eh...)
J'en aurais bien mis 10 de plus, mais je vous entends d'ici soupirer... Vous avez tort : même mon incrédule de fils ainé s'est mis au Burber-snood. La preuve :