White Wedding
Bon, je suis un peu obsessionnelle. C'est clair.
Je vous le fais dans l'ordre, comme si vous aviez le temps, hein ? On fait comme ça.
D'abord, la matière. La broderie anglaise, il y en avait partout. Il m'en fallait. C'est tout.
Seulement sur Auch, c'était une sacrée affaire d'en trouver. D'autant que je voulais un modèle précis, avec un alignement de motifs ronds ajourés, réguliers. Et ça, impossible de savoir où ça pouvait bien s'acheter... Sur internet, j'avais bien fini par mettre la main sur un modèle proche, mais sur un site de vente en gros et la quantité minimale d'achat était de 500 m. Un peu excessif, quand même... Après des recherches tantôt frénétiques tantôt molles, j'ai fini par investir dans un petit bout de coton perforé et imprimé en relief, dans la seule boutique de tissu de ma bonne cité gasconne.
Ensuite, le modèle. Je ne sais pas si grand monde s'en est rendu compte, mais une nouvelle catégorie a fait son apparition, ici, à droite : celle des patrons gratuits... Je vous épargne le détail de la folie furieuse qui s'est emparée de moi il y a un mois, qu'il suffise de dire que j'ai rodé de site en blog à tous mes moments perdus (vous savez, ces moments assez longs pour qu'on s'y ennuie, qu'on culpabilise de ne rien en faire, mais trop brefs pour qu'on puisse y entreprendre quoi que ce soit), comme si je devais y trouver de l'or, voir le temps qui me manquait pour convertir les images sur l'écran en vrais habits pour moi... Et une petite chose a retenu mon attention : la petite robe en dentelle Avantages. Tout y était : une photo charmeuse, un modèle GRATUIT, une coupe simple...
J'ai foncé.
Et au final, eh bien j'ai été victime de terrorisme. Tout bonnement. Devinez où se situe le problème avec un patron que l'on récupère sur internet... Vous donnez votre langue au chat ? Regardez bien la photo : ça tire. Le problème est dans l'imprimante. Chaque machine imprime en faisant ce qu'elle veut au niveau des gabarits. La mienne, sans prévenir (forcément), a tout réduit d'une bonne taille. J'aurais dû me méfier. J'avais déjà constaté avec les patrons Petit Citron que ma machine était d'un naturel modeste...
Mais en brave fille crédule que je suis (et pas très réfléchie c'est vrai...), j'ai taillé dans la plus petite marquée sur le patron, un 38, et fait sauter les marges de couture pour obtenir un 36... qui doit être, dans les faits, un petit 34 ! Du coup, me voilà boudinée, coincée aux entournures, dans un tube blanc, comment dire... un peu short...
C'est d'ailleurs mon mari qui s'en est le plus ému lorsque j'ai eu l'idée tordue de lui demander son avis. Il n'a d'abord rien répondu, il a eu l'air un peu interloqué, puis il a bloqué sur la longueur, avant de me demander si je me remariais, puis de reconnaitre que la longueur devait le gêner justement parce qu'il était mon mari... On appréciera la cohérence de notre conversation !
Pour celles que ça intéresse, le syndrôme de la robe trop courte a été étudié par une grande philosophe contemporaine. Ici.
Mais ce n'est pas là le pire. Rien ne vous choque sur les photos ? Humpf... vous avez l'esprit large. Regardez bien. De plus près.
(Non, ce n'est pas du repassage qu'il faut me parler, hein Bénédicte... Ni de l'état du miroir, d'ailleurs...)
Cette perfide de robe est transparente. Je rassure la mère de famille soucieuse des convenances, le très bien-pensant magasine Avantages qui donne le patron a pensé à assortir cette dangereuse tenue d'un fond de robe (expression pas très glam...) qui sauve la morale... mais achève ma version !
Si je superpose les deux (ce qui est un peu le but) je ressemble à un rouleau de printemps.
Même en prenant des poses tarabiscotées tenables 25 secondes maxi dans le secret de la chambre où je me ridiculise seule (mais peut-on être ridicule seule ? Ne faut-il pas le regard d'un tiers ? Vous avez 4 heures.), ça le fait moyen...
Me restent donc trois options :
- donner cette chose à une inconsciente anorexique de petite taille
- perdre 3 kilos ou 4, c'est à dire retrouver mes mensurations d'il y a deux mois, au pire moment de ma coqueluche printanière (oui, parce que je fais des coqueluches, aussi, à mes moments perdus...). Non merci. Surtout si l'on considère qu'il me faudrait perdre aussi 15 bons centimètres, ce qui n'est posible qu'avec une hâche...
- trouver une combinaison moulante en tissu qui glisse pour servir de fond de robe... et envisager de porter ce truc une fois, pour étendre du linge au fond du jardin.
Parce que vous n'avez pas vu le top of the horror picture show... le fond de robe...
En petit, hien ?!
Positivons. J'ai appris (et vous aussi, du coup !) que :
- il faut se méfier de son imprimante
- un fond de robe peut avoir un décolleté intéressant si on le retravaille en couleur (mettons en Tatum prunelle), avec une bretelle unique qui passerait derrière le cou (vous voyez le truc), et avec des fronces dans un dos élargi pour l'occasion...
- je ne suis pas mariée avec les patrons gratuits. Ouf !!!