Réinventer le fil à couper le beurre. C'est à dire la robe tee-shirt.

20 juin 2023

Réinventer le fil à couper le beurre. C'est à dire la robe tee-shirt.

Ma tête est un carrefour, un étrange croisement de chemins qui s'évitent le plus souvent, se croisent sans se mélanger. Certaines routes avancent les unes à côté des autres en s'ignorant parfaitement. Et puis un jour, tout cela se percute. Nul ne sait pourquoi.

J'ai passé des mois à regarder d'un oeil distrait quoique bienveillant les filles qui se cousaient des robes Pippa-like. Sezane, j'aime bien. C'est beau, mais c'est cher. Et puis ces robes courtes ou moulantes, ces blouses diaphanes ne sont plus de mon âge. Je les regarde avec le sentiment reposant qu'elles iraient mieux à ma fille, si j'avais une fille. Evidemment.

Coudre une robe tee-shirt, en outre, me semblait représenter beaucoup de tralala pour peu de choses. Les robes à noeud, enfin, j'aime. Je m'y suis essayée un peu avec la Maison Victor, ici et là, mais la version qui m'intéresse aujourd'hui -qui m'obsède, devrais-je dire- est une robe Burda hors d'âge avec un effet croisé plutôt que noué sur le devant. On en reparlera bientôt, j'espère.

Bref, il a fallu que plusieurs chemins se rejoignent sans prévenir pour que la chose aboutisse.

Passant devant un magasin Kiabi (haut lieu de la fast fashion à deux balles, je sais), je me suis arrêtée parce, primo, j'habite tout près et que je passe devant minimum deux fois par jour, ce qui n'aide pas, et deuxio, parce qu'instagram m'avait laissé entrevoir un modèle de robe d'été charmant et sans nul doute ultra-chiant à coudre. Après étude détaillée du truc, en rayon, mon verdict était tombé, implacable. NUL. En revanche, sur les mannequins postés à l'entrée, deux robes tube estivales, l'une avec un noeud, l'autre avec un effet de pli pris dans la couture de droite m'avaient égratigné l'oeil. Les deux donnaient à la fois l'impression d'une ligne élancée et d'un confort total à l'usage.

Rentrée à la maison, un coup d'oeil dans le placard à trucs m'a soudain rappelé un achat d'impulsion de l'hiver dernier : un coupon de jersey rayé dit "Petit Bateau", lavé mais pas utilisé et rangé à la va vite avant les vacances de printemps et l'arrivée de ma belle famille martiniquaise.

Les choses se sont doucement emboitées dans mon esprit, d'autant qu'un feuilletage de mes vieux LMV, en lien avec le sew-along de Thread & Needles, m'avait fait retomber sur la robe Zaria cousue il y a longtemps et vendue dans la foulée parce que le tissu utilisé ne me plaisait plus.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, j'avais pensé le truc, ajouté les modifs indispensables et évidentes : longueur cheville, noeud sur le côté et pas devant, pinces au dos peut-être.

L'après-midi du dimanche, je traçais, sans attendre, le hack du patron sur le tissu en ajoutant 30 cm de longueur et 20 à l'un des pans de la ceinture nouée, celui pris dans le couture du côté droit. Dans la foulée, je taillais et montais l'essentiel le lundi après-midi. C'est toujours sans hésiter qu'à plat sur la table j'ajoutais deux pinces dos extrapolées après un premier essayage et tracées à l'arrache en mode losanges aux côtés hauts plus allongés que les côtés bas (rapport au rebondi de la fesse dont il s'agissait d'épouser la forme).Une pénurie de fil vert m'ayant fauchée en plein vol, je devais attendre le mardi pour acheter ça en vitesse, et le mercredi pour finir les ourlets à l'aiguille double. Ce projet porté comme dans un rêve a donc été plié en quatre jours, all inclusive, alors même que je travaillais. Si vous avez une explication, franchement... je prends.

Et voilà la chose portée :

Pour que la robe soit confortable, j'ai ménagé deux fentes latérales, en bas :

Bilan :

le patron de Zaria est très bien avec du jersey de coton, mais il faut ajouter des pinces au dos : LMV, à trop simplifier, est parfois contreproductive. Les pinces, en outre, c'est pas une affaire.
les deux pans de la ceinture sont peut-être placés un peu haut...
l'aiguille double, trop près du bord, donne des résultats dégueulasses. Mais je n'avais pas le choix, les marges d'ourlet, dans les fentes côté, n'étant pas plus larges que des surplus de couture ! On s'en fout : ça ne se voit pas.

Vous l'avez compris, j'aime ma robe ! Je suis même stupéfaite devant une telle conjonction de planètes : l'idée, le bon tissu, la vitesse et la détermination dans la réalisation, la prise de décision pertinente. C'est bête, à savoir ça, j'aurais dû jouer au loto.

Mais qu'on se rassure : j'ai foiré tous les raccords d'une toile améliorée de robe Burda... La métamorphose n'est donc pas pour demain et du nouveau, en mode burlesque, est pour bientôt ! En attendant, une dernière photo pour la route. Allez !!!